Dans son livre « Tenir sa langue », Julie Abbou explore les liens entre langage et genre. Une invitation à bousculer la grammaire.
Agir sur le langage pour agir sur le monde : tel est le programme des mouvements sociaux qui s’engagent dans la lutte pour la signification. Le féminisme a de longue date pris à bras le corps cette question de la langue, et pour cause : le langage est un des lieux majeurs de notre catégorisation du monde. Il s’agit de contester la mainmise du masculin sur l’humanité, de pouvoir s’énoncer, de participer au sens du monde à part pleine et entière. C’est dans cette urgence politique et sémantique à exister en tant que sujet que des féministes se sont mises à « bousculer la grammaire ». Loin des arguments hygiénistes ou corsetés sur la langue se déploie une politique du sens, qui invite à la prolifération des discours. Une politique du sens qui incite à s’installer en langue et à tenir.
Un mois après le tir de grenade qui a gravement blessé à la tête notre fils Serge, le 25 mars 2023, lors de la manifestation contre les mégabassines de Sainte-Soline, l’incertitude subsiste concernant son avenir. Selon les critères médicaux purement cliniques, Serge est sorti du coma. Cela signifie qu’il entrouvre les yeux, mais nullement qu’il est réveillé. Les soins qui lui ont été dispensés depuis son arrivée à l’hôpital ont visé à juguler diverses lésions et infections. Celles-ci ont pour origine le tir de grenade dont il a été victime, mais aussi les conditions dans lesquelles les premiers secours lui ont été dispensés sur les lieux mêmes de la manifestation – les forces de l’ordre interdisant aux pompiers et aux ambulances d’accéder aux personnes blessées pour les prendre en charge. Ces soins ont contribué à ce que l’état de Serge, qui reste d’une « extrême fragilité », ne se dégrade pas davantage. Cela permet d’espérer son retour à la conscience, mais ce n’est pas encore le cas. A ce jour, il est impossible d’affirmer que Serge va recouvrer ses esprits et l’usage de son corps (ses membres et ses sens, sa capacité de respirer et de parler) ou d’évaluer les séquelles de sa blessure, et une rechute infectieuse demeure à craindre. Son pronostic vital reste donc engagé. C’est pourquoi nous dénonçons toute utilisation qui pourrait être faite de la sortie de son coma : Serge est malheureusement fort loin d’être tiré d’affaire. Prétendre le contraire serait un pur mensonge.
Le 21 mai nous accueillerons avec grand plaisir les personnes intéressées à nous rencontrer. Comme nous arriverons, pour certain·es, d’assez loin, le repas partagé sera fait des apports de chacun. Nous essaierons de répondre à vos questions concernant le journal, l’ouverture/fermeture des esprits et les points de vue différents qui peuvent s’y croiser… Mais il y a aussi des sujets non-négociables, comme la condamnation du système prostitueur, par exemple!
Dans les livres pour enfants, les attributs du féminin et du masculin sont toujours les mêmes: aux femmes le tablier et la poussette, aux hommesl’attaché-case quand ils rentrent du travail, puis le fauteuil et les lunettes pour lire le journal… «Papa lit et maman coud.» Cassonsles rôles!
Contraception,IVG, violence, viol, mutilationssexuelles, harcèlement, parité,inégalitéssalariales,travail domestique, etc.: Casse-rôles se propose de dresser un état des lieux, de recenser ce qui se publie sur ces questions et de donner la parole à des femmes et des hommes anonymes qui résistent aux stéréotypes sexistes.
Ainsi, nous rendons visibleslesluttes desfemmes, notamment les plus vulnérables ou marginalisées, mais aussi celles que nous pourrions qualifier de «remarquables» par leurs actions menant à améliorer la situation des femmes et des hommes.
Casse-rôlesse veut un journal non sectaire, de large diffusion et pour tout public.
L’équipe de départ se compose d’une dizaine de personnes – femmes et hommes –, mais nous comptons sur nos lecteurs etlectrices pour venir se joindre à nous ou nous envoyer articles, idées et critiques, et aider à la diffusion – essentielle – pour que notre Casse-rôles ait un avenir… Notre volonté est denous ancrer dans lesluttes sociales actuelles et d’ouvrir notre horizon à toutes les luttes féministes, mais pas que!
Journal trimestriel, Casse-rôles a vu le jour en août 2017. Depuis, le journal a pris de l’épaisseur: des 30 pages du début, aujourd’hui nous dépassons les 50 pages. C’est qu’il y a tant à raconter… Quelques dossiers traités:
Écoféminisme (n° 23), Maudite soit la guerre (n° 22), Ouvrières(n° 21), Maternité (n° 20), Prison (n° 19), La Santé des
femmes(n°18), L’éducation libertaire (n°17),1871:Commune(s) (n°16), Le corps(n°15), Pornographie et prostitution
(n° 12), Contraception masculine (n° 11), Une affaire d’hommes: la guerre (n° 10), Main basse sur les retraites (n° 6),
Vague féministe au Chili (n° 5)… Nous avons aussi parlé longuement de la prostitution dans un hors-série toujours d’actualité.
19h30: Projection de « Notre Ami l’atome » film de Kenichi Watanabe.
Samedi 01 avril
14h-15h30: conférence-débat animé par Philippe Pelletier. De l’usage économique et politique du catastrophisme. Une intervention sur le thème de l’instrumentalisation du climat pour « valoriser » le Nucléaire. Démonter l’idée reçue propagée par les médias et le pouvoir : « Le nucléaire peut sauver le climat, car le nucléaire produit une énergie décarbonnée ».
16h-17h30: conférence-débat animé par Thierry Ribault. Contre la résilience, Les sanctuaires de l’abîme, chronique du désastre de Fukushima.
19h: repas
20h30: BURE, conférence-débat avec plusieurs intervenant.e.s sur la gestion des déchets du nucléaire, des actions en cours à Bure, et de la nécessité de dépasser les constats techniques pour développer des actions.
Dimanche 2 avril
14h-15h30: conférence-débat animé par Antoine Calanda et Jean Revest de la Coordination Antinucléaire Sudest. Ces deux interventions sont axées sur des informations concrètes sur les réalités des installations nucléaires dans la région PACA. Vieillissement des installations, et rafistolages en cours : la centrale de Tricastin fait office de laboratoire pour expérimenter les possibilités de prolonger les centrales françaises. Présence d’installations dans des zones sismiques (Cadarache, Tricastin…)
16h-18h: conférence-débat animé par Jean Marc Royer, Auteur de Le Monde comme projet Manhattan récit de l’historique du projet américain d’élaboration de l’arme atomique. Un projet qui n’est pas un simple projet militaire et industriel, mais au fond un « projet de société ». Il sera fait un rappel de cette historicité, et la manière dont elle resurgit dans la menace d’un conflit, ou d’un débordement nucléaire possible dans le conflit en Ukraine.
C’est organisé par la Fédération Anarchiste à La Dar au 127 rue d’Aubagne – Marseille 13006