Depuis 2019, Azat Miftakhov, jeune mathématicien et doctorant à l’Université d’État de Moscou Lomonossov, militant anarchiste, a été placé en détention provisoire, puis condamné à 6 ans de prison ferme sur la base d’accusations et de pseudo-témoignages obtenus par la torture.
Ainsi, l’un des deux témoins l’accusant d’avoir « lancé un fumigène dans l’un des bureaux du parti Russie Unie » de Poutine a été retrouvé fort opportunément mort, échappant ainsi à une contre-enquête.
Un troisième « témoin », aujourd’hui réfugié en France, a témoigné en mars 2023 dans Mediapart, pour expliquer les tortures que le FSB lui a fait subir pour lui faire dire le nom d’Azat. Ce témoignage
n’a pour le moment pas été utilisé contre Azat. Il pourrait l’être si de nouvelles poursuites étaient ouvertes.
Les prises de positions venant du monde entier se sont multipliées pour exiger sa libération, que ce soit d’ONG comme Memorial, Human Rights Watch, d’intellectuels, d’académiciens russes, de 2500 mathématiciens en 2022 et des sociétés de mathématiques française, italienne, brésilienne, américaine, d’organisations syndicales comme le syndicat inter-régional russe « Solidarité Universitaire »…
Alors que sa libération devait être prononcée d’ici à septembre 2023, les informations qui nous parviennent laissent à penser que les services de sécurité russes ont entamé de nouvelles pressions et arrestations pour construire des accusations nouvelles et enfermer pour des années cet universitaire.
Malgré les traitements qui lui ont été infligés, ce mathématicien qui vient d’avoir ses 30 ans en prison a toujours clamé son innocence. À la vue de cet acharnement, chacun comprend que cela sert chaque jour un peu plus d’exemple pour obtenir le silence de toutes les voix qui se lèvent et se lèveraient au sein de la Russie, de toute expression différente de la voix monocorde de la Fédération de Russie depuis son engagement dans la guerre en Ukraine.
Pour la liberté d’expression en Russie,
Pour les Droits de l’Homme,
Azat doit être libéré.
La Fédération de Russie a engagé la guerre contre l’Ukraine et participe du risque d’une escalade généralisée. Nous, partisans de la paix, considérons que le combat pour la liberté d’opinion et d’expression du peuple russe, et plus généralement dans les pays engagés dans cette guerre, est une question déterminante pour trouver une issue pour les peuples d’Ukraine et de Russie.
Nous – universitaires, intellectuels, militants politiques, syndicalistes, élus, responsables associatifs, journalistes, citoyens, dans la diversité de nos opinions et de nos terrains d’action – alertés par le groupe de soutien d’Azat en Russie, freeazat – décidons d’ajouter notre voix à celles déjà exprimées de par le monde, en nous adressant solennellement au gouvernement de la Fédération de Russie pour demander la libération d’Azat. Nous appelons à signer publiquement cet appel.