CRAS – 39, rue Gamelin 31100 Toulouse – (métro Fontaine-Lestang)
19 h : Accueil – Auberge espagnole (les boissons sont proposées en soutien à l’association)
20 h : Échanges avec Vanina autrice du livre
Dans les années 80 et 90 s’est déroulée, aux États-Unis puis ailleurs dans le monde, une véritable contre-révolution idéologique avec l’apparition de deux nouveaux courants de pensée : le néolibéralisme (porté par une droite dure) et le postmodernisme (émanant d’une gauche déçue par le « communisme » soviétique). Après l’effondrement du bloc de l’Est, le système capitaliste a été présenté comme le stade ultime de l’Histoire – tout projet de révolution était donc désormais à bannir – et il s’est mondialisé. Des élites politiques et intellectuelles diverses ont fait miroiter la possibilité d’une ascension sociale par le travail ou les diplômes. Les « classes moyennes » sont devenues les piliers de l’ordre établi, que les gouvernements soient de droite ou de gauche, et leurs valeurs (individualisme, consumérisme, sécuritaire) comme leur mode de vie (acquisition de produits pour affirmer une « identité » et un standing) servent depuis de références.
Nous vivons dans des sociétés de l’« ici et maintenant » où la hiérarchie sociale est largement admise. La lutte contre les institutions patriarcales de l’après-68 s’est réduite à la dénonciation des inégalités professionnelles entre les sexes et des violences faites aux femmes, et à une demande de prise en charge par l’État de personnes ou de « minorités » victimes de discriminations.
De plus, les théories postmodernes apparues à l’Université sur les questions du genre ou de la « race » divisent ce que l’on désignait naguère comme le « camp du changement ». Dans les milieux féministes, des sujets tels que la prostitution, le voile, ou encore la définition d’une femme sur la base d’un « ressenti » sèment la zizanie. Sous l’effet des analyses intersectionnelles et des thèses racialisatrices, le discours féministe dominant met l’accent sur la liberté individuelle et sur la « diversité culturelle » tandis que l’exploitation de classe est délaissée. Et la « théorie queer » contribue à masquer la réalité sociale de très nombreuses femmes aujourd’hui encore, en affirmant qu’on est une femme parce qu’on « se sent » femme. Car l’« autodéclaration de genre » fait disparaître l’origine de l’oppression patriarcale : le rôle social spécifique inculqué aux femmes dès la naissance sur la base de leur sexe biologique. Cette oppression existe pourtant toujours pour la plupart des femmes : elles assurent, par une double journée de travail, à la fois la reproduction sociale et une large portion de la production économique ; les métiers qu’elles exercent sont souvent dévalorisés parce que dits « féminins », et ceux du care constituent un prolongement du rôle social attendu des femmes dans la sphère privée. Etc.
En France, Macron parle actuellement de « réarmements » civique et bien sûr militaire (il s’agit d’« éduquer » les pauvres et d’embrigader la jeunesse, sur fond de guerre en Ukraine), mais aussi « démographique ». Ce dernier objectif montre que si les politiques natalistes des États peuvent varier selon les moments et les mobilisations féministes, elles continuent d’avoir pour finalité le contrôle de la sexualité et des capacités reproductives des femmes.
Vanina, militante communiste libertaire, a écrit plusieurs ouvrages, notamment contre l’oppression patriarcale et l’exploitation capitaliste. Par sa critique des leurres postmodernes, elle cherche à retisser sur des bases de classe les solidarités nécessaires pour détruire l’ordre établi, parce qu’on ne change pas une société par des comportements individuels mais en s’attaquant collectivement à ses structures mêmes.
Quelques recensions du livre de Vanina : https://cras31.info/IMG/pdf/recensions_les_leurres_postmodernes__de_vanina_avril_2024.pdf
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