C’est l’histoire d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants et qui en a eu des centaines. C’est l’histoire d’Yvonne et Roger Hagnauer, que tout le monde appelait Goéland et Pingouin. C’est l’histoire d’intellectuels, anarchistes, pacifistes, syndicalistes, féministes. C’est l’histoire d’un couple de résistants que certains ont voulu croire collabos. C’est l’histoire de la maison d’enfants de Sèvres, une expérience unique de liberté, de pédagogie et d’ouverture au monde. Et puis c’est un peu mon histoire, puisque ma mère, sauvée par ce couple, a passé dans cette maison toute son enfance.
Il y a dans les films de Michel Leclerc – Le Nom des gens, Télé Gaucho, La Lutte des classes – une quête d’identité qui ne cache pas les aspects autobiographiques. Dans le documentaire Pingouin & Goéland et leurs 500 petits, le réalisateur donne les clés de son histoire personnelle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la mère de Michel Leclerc est séparée de ses parents, juifs, déportés à Auschwitz, d’où ils ne reviendront pas.
La mère de Michel Leclerc est sauvée par un couple héroïque, Roger et Yvonne Hagnauer, qui ont ouvert en 1941, à Sèvres, un orphelinat qui a caché des dizaines d’enfants juifs. Surnommés « Pingouin et Goéland », ce duo d’anars humanistes aux méthodes pédagogiques révolutionnaires pour l’époque, trompe le régime de Vichy qui finance leur lieu et ils offrent à tous ces abîmés de la guerre une famille élective, joyeuse, solidaire et éveillée par la culture.
Images d’archives, témoignages des survivants de l’époque, le film retrace la fabrication d’une identité et interroge notre présent, souvent englué dans la question identitaire.