S’inspirant de la littérature ethnographique, des données fournies par les sciences sociales (sociologie, sciences politiques, histoire) et les sciences connexes (théorie de l’évolution, paléoanthropologie, primatologie, neurosciences), et à partir de ses propres observations de terrain, Charles Macdonald offre dans cet ouvrage une perspective nouvelle sur l’évolution sociale, posant que l’histoire de Homo sapiens s’enracine dans une longue gestation anarchique (de cent quatre-vingt dix mille ans au moins) ayant bifurqué, lors d’une mutation récente (moins de dix mille ans), vers ce qui est peut-être une impasse évolutionnaire : une forme de vie collective hiérarchisée, corporatiste, transcendantiste et marchande, qui est celle de la quasi-totalité des organisations modernes.
Cette préhistoire humaine a laissé des traces profondes dans les sociétés modernes dont l’ouvrage analyse plusieurs exemples tirés de l’ethnographie (Inuit et Palawan), de l’histoire (Cosaques et pirates) et de la sociologie (communautés post-catastrophiques et hippies). Une large section traite du rôle controversé de la violence dans les organisations sociales primitives et la préhistoire. Un dernier chapitre tente de renouer les fils de celle-ci à ceux de notre histoire contemporaine.
Le constat de la vie en société telle que nous la connaissons, fondée sur une vaste supercherie idéologique visant à établir la réalité d’entités transcendantes et abstraites, comme l’État, remet à l’honneur les idées d’un Kropotkine ou d’un Proudhon. Historiens, philosophes et anthropologues anarchistes trouvent aujourd’hui de nouvelles ressources et une nouvelle inspiration dans un fonds de réflexion négligé mais immensément fertile.