En avril ou mai, les Femmes de Plogoff et leur combat anti-nucléaire victorieux, seront à l’honneur
En juin, Marianne ENCKELL viendra probablement tout exprès de Lausanne. Quelques dates et lieux restent à compléter…
Nous terminerons cette nouvelle saison par la troisième édition de la F3L (Foire aux Livres Libertaires de Lorient), dont nous aimerions qu’elle devienne emblématique.
UN ESPACE ASSOCIATIF AUTOGÉRÉ À LORIENT ? EST-CE POSSIBLE ?
La revue Turbulences lance pour son deuxième numéro un appel à contributions sur la thématique suivante :
« Esthétiques anarchistes : l’art et le non-gouvernable »
Par « anarchisme », on entendra ici le refus général du « préjugé gouvernemental », de l’idée que gouverner et être gouverné soient indispensables et que toute conduite, individuelle ou collective, ait à s’inscrire dans l’asymétrie du commander et de l’obéir. L’hypothèse anarchiste ne se limite pas à soutenir que gouverner équivaut à dominer ou que les dispositifs gouvernementaux ne sont jamais que des masques (institutionnels, sociaux, psychiques) apposés sur des relations de pure violence. Elle soutient plus radicalement que gouverner est tout bonnement impossible. Son projet consiste dès lors à relever les traces d’une telle impossibilité et à les faire s’étendre à des domaines d’action et de pensée toujours plus vastes. L’objet de l’anarchisme est l’impossibilité du gouvernement rendue manifeste et omniprésente.
Dans Au voleur ! Anarchisme et philosophie, Catherine Malabou propose de distinguer entre l’ingouvernable et le non-gouvernable : « L’ingouvernable désigne ce qui échappe au contrôle, comme un véhicule devenu impossible à conduire. Au sens moral et politique, il suggère l’indiscipline et la désobéissance, le refus d’obtempérer. L’ingouvernable est et n’est que le contraire du gouvernable. La non-gouvernabilité quant à elle ne renvoie ni à l’indiscipline, ni à l’errance. Elle n’est pas non plus la désobéissance, mais ce qui, dans les individus comme dans les communautés, demeure radicalement étranger au commandement et à l’obéissance. […] L’ingouvernable est ce qui peut être, soit entendu, soit dominé. Le non-gouvernable ne peut en revanche qu’être dominé. La seule façon de le traiter est de ne pas traiter avec lui, soit en l’ignorant activement, soit en l’opprimant, en l’écrasant, voire en le mettant à mort. Mais le gouverner est définitivement impossible puisqu’il est, encore une fois, la marque de l’impossibilité et de l’échec de tout gouvernement1. »
Si l’ingouvernable se définit par sa résistance et son opposition directes au gouvernement, le non- gouvernable désigne quant à lui une zone d’étrangeté et d’extériorité radicale. En prolongeant cette distinction, on pourrait dire que le non-gouvernable est le lieu de recharge de l’ingouvernable, son assise extra-conflictuelle, sa base arrière : une indifférence et une extériorité au gouvernement si profondes que des gestes concrets de désobéissance et de remise en cause de l’autorité peuvent s’y ressourcer, s’y relancer, s’y assoir positivement. L’ingouvernable ne concerne sans doute que certaines pratiques artistiques et certaines seulement, des pratiques qui par leur mode de production, d’organisation et d’intervention ont d’ores et déjà refusé tout principe de gouvernementalité. En revanche, on pourrait faire l’hypothèse que toute œuvre, si du moins elle doit être autre chose qu’un produit de consommation, de spéculation ou de décoration, a bel et bien affaire à du non-gouvernable, à ce qui dans l’être humain et au-delà demeure irréductiblement étranger à l’être-gouverné. L’objectif principal de ce numéro de la revue Turbulences consisterait alors à relever en art les traces et les manifestations du non- gouvernable, les formes de son déploiement artistique, en les envisageant aussi bien pour elles-mêmes que comme lieux de recharge de l’ingouvernable, comme appelant, ne serait-ce qu’implicitement, à des actes de résistance et de désobéissance concrets.
Modalités de proposition :
La rédaction encourage la diversité des formats et des propositions. Outre les articles universitaires classiques, elle accueille volontiers l’expérimentation artistique sur différents supports (photo, vidéo, son, graphisme, etc.). Les propositions d’articles (5000 signes maximum) sont à adresser à :
au plus tard le 15 avril 2024. Une réponse sera donnée mi-mai.
Les articles définitifs devront être reçus pour relecture au plus tard le 15 octobre 2024. La publication est prévue pour février 2025.
Le Festival international de théâtre anarchiste de Montréal (FITAM), seul festival au monde dédié au théâtre anarchiste, recherche des pièces, monologues, spectacles de danse-théâtre, mime, marionnettes, etc., en français, anglais, d’autres langues, portant sur le thème de l’anarchisme ou sur tout sujet se rapportant à l’anarchisme, c’est-à-dire en opposition à toute forme d’oppression comme l’État, le capitalisme, la guerre, l’aliénation, le patriarcat, etc.
Le FITAM accepte les pièces traitant de justice écologique et sociale, de féminisme, de racismes, de luttes de classes et de genres, dans une perspective libertaire. Nous acceptons les propositions d’auteur·e·s anarchistes et non-anarchistes.
CRAS – 39, rue Gamelin 31100 Toulouse – (métro Fontaine-Lestang)
19 h : Accueil – Auberge espagnole (les boissons sont proposées en soutien à l’association)
20 h : Échanges avec Vanina autrice du livre
Dans les années 80 et 90 s’est déroulée, aux États-Unis puis ailleurs dans le monde, une véritable contre-révolution idéologique avec l’apparition de deux nouveaux courants de pensée : le néolibéralisme (porté par une droite dure) et le postmodernisme (émanant d’une gauche déçue par le « communisme » soviétique). Après l’effondrement du bloc de l’Est, le système capitaliste a été présenté comme le stade ultime de l’Histoire – tout projet de révolution était donc désormais à bannir – et il s’est mondialisé. Des élites politiques et intellectuelles diverses ont fait miroiter la possibilité d’une ascension sociale par le travail ou les diplômes. Les « classes moyennes » sont devenues les piliers de l’ordre établi, que les gouvernements soient de droite ou de gauche, et leurs valeurs (individualisme, consumérisme, sécuritaire) comme leur mode de vie (acquisition de produits pour affirmer une « identité » et un standing) servent depuis de références.
Nous vivons dans des sociétés de l’« ici et maintenant » où la hiérarchie sociale est largement admise. La lutte contre les institutions patriarcales de l’après-68 s’est réduite à la dénonciation des inégalités professionnelles entre les sexes et des violences faites aux femmes, et à une demande de prise en charge par l’État de personnes ou de « minorités » victimes de discriminations.
De plus, les théories postmodernes apparues à l’Université sur les questions du genre ou de la « race » divisent ce que l’on désignait naguère comme le « camp du changement ». Dans les milieux féministes, des sujets tels que la prostitution, le voile, ou encore la définition d’une femme sur la base d’un « ressenti » sèment la zizanie. Sous l’effet des analyses intersectionnelles et des thèses racialisatrices, le discours féministe dominant met l’accent sur la liberté individuelle et sur la « diversité culturelle » tandis que l’exploitation de classe est délaissée. Et la « théorie queer » contribue à masquer la réalité sociale de très nombreuses femmes aujourd’hui encore, en affirmant qu’on est une femme parce qu’on « se sent » femme. Car l’« autodéclaration de genre » fait disparaître l’origine de l’oppression patriarcale : le rôle social spécifique inculqué aux femmes dès la naissance sur la base de leur sexe biologique. Cette oppression existe pourtant toujours pour la plupart des femmes : elles assurent, par une double journée de travail, à la fois la reproduction sociale et une large portion de la production économique ; les métiers qu’elles exercent sont souvent dévalorisés parce que dits « féminins », et ceux du care constituent un prolongement du rôle social attendu des femmes dans la sphère privée. Etc.
En France, Macron parle actuellement de « réarmements » civique et bien sûr militaire (il s’agit d’« éduquer » les pauvres et d’embrigader la jeunesse, sur fond de guerre en Ukraine), mais aussi « démographique ». Ce dernier objectif montre que si les politiques natalistes des États peuvent varier selon les moments et les mobilisations féministes, elles continuent d’avoir pour finalité le contrôle de la sexualité et des capacités reproductives des femmes.
Vanina, militante communiste libertaire, a écrit plusieurs ouvrages, notamment contre l’oppression patriarcale et l’exploitation capitaliste. Par sa critique des leurres postmodernes, elle cherche à retisser sur des bases de classe les solidarités nécessaires pour détruire l’ordre établi, parce qu’on ne change pas une société par des comportements individuels mais en s’attaquant collectivement à ses structures mêmes.