Cette année 2023 marque le centième anniversaire de l’assassinat de Salvador SEGUI.
Salvador SEGUI, ouvrier peintre, militant de la CNT catalane fut une des figures les plus importantes du mouvement ouvrier catalan. Il était en effet secrétaire de la Fédération locale du Bâtiment de Barcelone, avant la constitution des syndicats d’industrie, puis secrétaire
général de la Confédération Régionale du Travail de Catalogne, section de la Confédération nationale du Travail.
Salvador SEGUI a été de toutes les grèves et de toutes les luttes : de grève générale révolutionnaire de 1909, celles de 1911, 1913, 1917 ou encore la grande grève de 144 jours à la société CANADIENSE en 1919 qui a marqué l’obtention de la journée de travail de 8h. EL Noi Del Sucre (le gamin du sucre) a toujours joué un rôle clé dans le mouvement ouvrier.
Syndicaliste révolutionnaire, anarchiste et militant convaincu, notre camarade s’était toujours engagé pleinement pour la cause des travailleuses et des travailleurs. C’est grâce à son militantisme patient et acharné qu’il a impulsé la transformation des syndicats de métiers en syndicats de l’industrie. Ce fonctionnement a été ensuite généralisé à tous les syndicats de la confédération nationale du travail.
SEGUI a été persécuté, arrêté, emprisonné une vingtaine de fois pour lui faire payer son engagement inlassable et le faire taire.
Il y a 100 ans, le 23 mars 1923, les milices patronales ont assassiné de sang-froid un syndicaliste engagé au service des luttes ouvrières. La mort tragique de notre camarade a été un coup dur pour le mouvement ouvrier espagnol et catalan de l’époque.
Pour que cette histoire de lutte reste dans nos mémoires et dans celle du mouvement ouvrier, notre syndicat CNT Solidarité Ouvrière 66 avec le soutien de la FSS de Barcelone vous invitent à une projection-rencontre du Film « Salvador SEGUI».
Elle marquera également les 20 ans de sa création, le premier BAB ayant eu lieu à Ljubljana en 2003 avant de voyager dans tous les Balkans (en Croatie, en Serbie, en Bulgarie, en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Grèce et en Roumanie). Il revient maintenant dans notre ville après 2013, année où nous l’avons accueilli pour la dernière fois.
Nous voulons profiter de cet anniversaire pour organiser un rassemblement anarchiste international fort – un rassemblement où nous pourrons aborder les questions importantes de notre temps de manière collective et dans une perspective d’organisation et de lutte futures. Pour nous, le concept du BAB n’a jamais été uniquement lié aux livres. Nous l’avons toujours compris comme un outil pour renforcer nos groupes, organisations, relations et réseaux au niveau local, régional et international. Nous le comprenons comme un espace où nous échangeons nos idées, nos analyses, nos perspectives et confrontons nos pratiques, nos modèles d’organisation et nos expériences de lutte, de nos participations aux mouvements sociaux et de l’insertion de nos idées dans ceux-ci. Tout cela dans l’intention de formuler des propositions significatives pour les étapes futures qui peuvent nous aider à relever les défis auxquels nos mouvements et nos sociétés sont confrontés dans le contexte des réalités politiques, économiques et sociales ainsi que dans celui du potentiel révolutionnaire.
L’état actuel des choses au niveau mondial confirme notre analyse du passé et donne à notre programme politique de changement social radical encore plus d’urgence pour l’avenir. Il est clair que le système capitaliste – basé sur l’esclavage, l’exploitation, la domination et en cohérence avec d’autres oppressions comme le racisme et les nationalismes, le patriarcat et le sexisme – détruit nos vies, nos sociétés et l’environnement. Toutes les crises récentes, l’intensification constante des attaques du capital contre les classes populaires, la radicalisation de la répression policière et de la violence d’Etat, et enfin la militarisation et la guerre confirment notre affirmation que le capitalisme est en crise. Il est clair que les privilèges des classes dominantes, la distribution coercitive de la richesse commune, les hiérarchies existantes et le système lui-même ne peuvent survivre et être reproduits que par le règne de la force brute et de la violence. A partir de là, nous pouvons facilement étendre notre affirmation précédente : le capitalisme est une guerre.
Les Balkans, avec leur histoire spécifique, ne sont pas différents à cet égard. Ils ont connu toute la brutalité de la guerre, du nationalisme et de la transition vers l’économie capitaliste en ex-Yougoslavie, ont été contraints de devenir un laboratoire de la politique néolibérale (comme cela a été le cas en Grèce pendant la crise économique de 2008 à 2012), sont témoins des conséquences mortelles des régimes frontaliers européens et de leur politique migratoire et vivent la désintégration de la société avec l’aliénation et l’individualisation qui s’expriment le plus dans les pratiques de cannibalisme social.
Nous pouvons observer différentes réactions populaires à ces réalités : de la montée réactionnaire de l’extrême droite populiste, nationaliste et fasciste, des émeutes constantes dans tous les coins du monde, des mouvements de rue non articulés et diffus qui sont alimentés par une méfiance totale envers la représentation politique et les institutions de l’État, jusqu’aux moments révolutionnaires progressistes tels que ceux de la révolte en cours en Iran ou du processus de révolution sociale au Kurdistan. Le mouvement anarchiste tente d’intervenir non seulement dans les réactions populaires aux crises capitalistes mentionnées ci-dessus, mais aussi dans la réalité sociale en général. Nos propres analyses et articulations sont les fondements de nos mobilisations et activités politiques dans les espaces où nous sommes exploités et opprimés – dans nos écoles, nos lieux de travail et nos quartiers. Nous participons à des mouvements sociaux où nous essayons de mettre en œuvre nos principes anti-autoritaires et nos perspectives révolutionnaires, mais nous construisons également de nouveaux mouvements, des structures de lutte et de solidarité ainsi que des espaces communautaires et autonomes où nous développons des pratiques alternatives d’organisation et de vie. Mais en faisons-nous assez et réussissons-nous à construire le contre-pouvoir nécessaire à un réel changement ? Nous pensons que l’anarchisme, en tant qu’expression politique des intérêts des exploités et des opprimés, peut offrir de nombreuses réponses aux questions de notre temps, mais nous constatons également que le mouvement manque d’influence fondamentale sur les mécanismes de l’histoire. Nous aimerions utiliser le rassemblement du BAB pour réfléchir à ce sujet et à d’autres, pour développer des stratégies qui peuvent faire avancer nos agendas et nous donner une nouvelle énergie pour nos organisations et mobilisations futures.
Avec tout cela à l’esprit, nous invitons toutes les parties du mouvement anarchiste et anti-autoritaire international des géographies des Balkans, de l’Europe et d’autres continents à nous rejoindre dans le processus d’organisation de cet événement à tous les niveaux et à commencer à planifier sa participation. Comme il y aura un grand rassemblement anarchiste international à St. Imier en juillet 2023, nous voulons créer une connexion organique entre les deux. Nous aimerions particulièrement inviter les camarades des autres continents qui prévoient de se joindre à la réunion de St. Imier à considérer notre invitation et à participer également au rassemblement du BAB à Ljubljana.
Nous continuerons à vous informer sur le processus et à vous donner des détails sur le cadre du programme de l’événement dans les mois à venir. Nous vous demandons de traduire cet appel dans vos langues, de le publier dans vos médias et de le partager via vos canaux de communication.
Pour de plus amples informations, questions et propositions, vous pouvez nous contacter par e-mail : ou visiter le site web https://bab2023.avtonomija.org/
Par-dessus les murs du nationalisme et de la guerre ! [1]
Construire la solidarité et la résistance !
Assemblée d’organisation du Salon du Livre Anarchiste des Balkans 2023 A Ljubljana, le 27 novembre 2022
Le spectacle est créé à partir de lettres de femmes qui ont vécu la guerre en Espagne, l’après-guerre et la dictature de Franco. La vie sous les bombes, la vie dans les prisons, au travail, les représailles, l’exil.
Ce spectacle sera suivi d’un débat sur la guerre d’Espagne et le Franquisme qui en a découlé.
Les femmes représentent de nos jours, à l’échelle de la planète, la majorité des classes sociales les plus démunies. Elles demeurent sous la menace de violences liées à la domination masculine. Les droits qu’elles ont arrachés, comme l’accès àl’IVG, sont fragiles. Et voilà que la «théorie queer »veut les réduire à une apparence de la féminité, la pratique de la GPA à un ventre à louer…
Dans les années 1970 en France, le MLF a attaqué avec force le rôle social imposé aux femmes par le patriarcat et le capitalisme sur la base de leur sexe biologique. Mais ce rôle, rebaptisé «genre », est devenu depuis une «identité »reposant sur le seul «ressenti » des personnes : il suffirait de se déclarer femme pour en être une.
Un peu partout dans le monde, des féministes s’insurgent contre pareille définition d’une femme parce qu’elle fait perdre de vue l’origine de son oppression – ses organes sexuels, avec leurs capacités procréatives – et le vécu des femmes en général, à savoir une double journée de travail pour assurer la reproduction sociale et une large part de la production économique. Elle progresse néanmoins partout, soutenue par des courants féministes «intersectionnels», et propagée à la fois par des élites politiques et intellectuelles et par divers milieux militants. Quiconque se risque à la contester peut être insulté ou menacé par des «transactivistes», ou poursuivi pour «transphobie»devant les tribunaux.
Il est pourtant urgent de dépasser les thèses sur le genre issues du post-modernisme – ce courant de pensée qui a contribué à forger avec le «néo-libéralisme », dans les années 1980, une idéologie valorisant les «classes moyennes» et leur style de vie afin de conforter l’ordre établi.
Ce livre a donc pour objet – par la critique de la «théorie queer» et des analyses intersectionnelles qu’il propose – de resituer la lutte féministe dans une perspective clairement antipatriarcale et anticapitaliste.
Activités des plus polluantes dans un contexte où la « transition écologique » est continuellement invoquée, le tourisme et sa complice l’aviation bénéficient pourtant d’un soutien inconditionnel des institutions, des mondes économique et culturel, ainsi que de certaines forces sociales et environnementalistes. Car qui serait prêt à se défaire de la première industrie mondiale et à renoncer à l’hypermobilité ? Né avec le capitalisme industriel, le tourisme a pris un essor fulgurant dans les années 1950. Dans un monde de production et de consommation de masse, il s’est imposé de manière évidente, et a contribué à élargir la sphère marchande à de nombreux domaines tout en s’intégrant complètement au quotidien. Ce processus de touristification tous azimuts participe de la mise en production du monde. Manager des territoires pour les rendre plus attractifs que d’autres fait des ravages : émissions de gaz à effets de serre et nombreux dégâts environnementaux, artificialisation de la nature, surfréquentation, altération des rapports humains, folklorisation, construction de grands projets inutiles, hausse des prix de l’immobilier, etc. Contre ce tourisme dévastateur, considéré comme un pilier de la croissance, la critique, portée notamment par ce livre, ne peut que s’en prendre plus globalement à l’économie marchande, au puissant imaginaire qu’elle véhicule et aux modes de vie qu’elle induit.