Intervention de Josette Duc-Passas au mini-colloque sur Jacob organisé par le CIRA le 12 novembre 2005
Ma rencontre avec Alexandre-Marius Jacob
En 1950, je me suis mariée avec Robert Passas. Nous habitions à Romans dans la Drôme. Il a lu le livre d’Alain Sergent : Un anarchiste de la Belle époque. Il a été passionné par ce personnage et par sa vie. En 1951, il est allé le voir à Reuilly, à bicyclette, plus de 400 km ! Il a été bien accueilli par Marius Jacob qui lui a dit : « Tu peux revenir avec ta compagne », ce que nous avons fait l’année suivante par le train.
J’ai été conquise par cet homme, sa gentillesse, son intelligence, sa jeunesse d’esprit, son humour, son passé de luttes et de souffrances. Nous étions enseignants. Nous partions pour le Maroc où nous venions d’être nommés.
En 1953, aux vacances, nous sommes allés à Reuilly en voiture. Marius nous a fait part de son désir de mettre fin à ses jours car il ne voulait pas vieillir à l’hôpital, ni encombrer ses amis. J’ai réussi à lui faire reculer l’échéance d’un an, en lui promettant de venir le voir l’été suivant. Nous repartions au Maroc.
Il m’a écrit chaque jour de l’année et j’ai répondu à chacune de ses lettres. Aux vacances de 1954, je suis venue passer le mois d’août avec lui. Il était très heureux. J’avais 27 ans, lui 75. Les gens du village étaient intrigués. Il leur disait : « c’est ma fille ». Mon mari se réjouissait de cette relation car il aimait beaucoup Jacob. J’ai essayé de le faire renoncer à son projet mais en vain car il était très déterminé.
Sa mort a été un déchirement pour moi et pour mon mari. Je ne l’oublierai jamais. Il est toujours dans mes pensées et dans mon cœur.
Josette Duc-Passas
Romans, le 19 février 2004
Née en 1927, Josette Duc s’est éteinte le 15 janvier 2019.