Simón Radowitzky en Argentine
Simón Radowitzky est né en 1891, à Stapanesso, en Ukraine près de Kiev au sein d’une famille d’ouvriers. Dès l’âge de 10 ans, il doit travailler comme apprenti dans un atelier de mécanique. Rapidement en contact avec le monde ouvrier et ses dures conditions de travail, il écoutait attentivement les discussions politiques de ses aînés et cette période d’initiation eut une grande influence sur sa future formation intellectuelle et sa conscience politique. Dès 14 ans, il participa à sa première grève pour revendiquer la réduction de la journée de travail à 10 heures. Il connaîtra un peu plus tard la prison pour avoir distribué des tracts révolutionnaires. En 1905, il est nommé secrétaire du soviet de l’usine où il travaillait ; il n’avait alors que 15 ans. Quelques années plus tard, sous la menace de la déportation en Sibérie, il prendra le chemin de l’exil et s’embarquera pour l’Argentine en 1908.
À Buenos Aires, il travailla comme mécanicien. Le 1er mai 1909, il participa à la manifestation au cours de laquelle moururent plusieurs ouvriers suite aux affrontements avec la police. Il décida alors de venger personnellement le sort de ces ouvriers et prépara minutieusement un attentat contre le colonel Falcón, responsable de la répression de la « Semana roja » qui suivit la manifestation du 1er mai. Après un première tentative, Radowitzky expliqua plus tard au cours de son procès qu’il y avait trop de monde ce jour-là dans la rue et que sa bombe aurait pu tuer des innocents, l’attentat eu lieu le 14 novembre 1909 et la bombe tua Falcón et son secrétaire. Le juge demanda la peine de mort mais sa peine fut commuée en réclusion à perpétuité étant donné le jeune âge de l’accusé encore mineur.
Radowitzky déclara toujours qu’il avait agi en solitaire, sans aucune organisation derrière lui. Cependant, la répression contre les anarchistes fut particulièrement acharnée par la suite. Ceux-ci déployèrent toutes leurs énergies pour obtenir la libération de Radowtzky. Ils organisèrent son évasion en novembre 1918 mais elle échoua. Malgré tous ces efforts, Simón Radowitzky passa 21 ans au bagne d’Ushuaia.
Cependant, la presse libérale s’intéressa au cas Radowitzky et l’épouse du directeur du journal « La Crítica », Mme Medina de Botano, obtint l’indulgence du président (le radical Hipólito Yrigoyen) qui procéda à la libération de Simón le 6 septembre 1930.
Radowitzky dut quitter l’Argentine et partit pour Montevideo où il n’abandonna pas la lutte contre l’injustice et pour ses idéaux libertaires. Il participa donc à la lutte contre le dictateur Gabriel Terra. Il fut à nouveau arrêté et déporté à l’Isla de Flores en 1933, d’où il réussit à s’échapper. Trois ans plus tard, on le retrouve en Espagne, sur le front d’Aragon… Après la victoire des franquistes, il est déporté au camp de concentration de Saint-Cyprien. Il en fut libéré et s’exila au Mexique en changeant d’identité (Raúl Gómez). Il y resta jusqu’à sa mort à 65 ans, en 1956.
Avec la disparition de Radowitzky « s’en allait l’un des derniers survivants de la Révolution russe de 1905 et l’un des plus purs idéalistes du mouvement ouvrier international » selon Augustin Souchy (« Partage noir »).
Marianne Equy
* Rodolfo González Pacheco était un écrivain, dramaturge, orateur, journaliste anarchiste et militant argentin. Il a été rédacteur en chef du journal anarchiste La Antorcha et fondateur du Teatro de Ideas. Il est décédé le 5 juillet 1949.